l’Amazonie, voyage en terre inconnue.

Après les montagnes on s’offre un bout de rêve : une excursion de 4 jours au cœur de l’Amazonie Equatorienne. Nous allons dans la réserve Naturelle de Cuyabeno, c’est un parc national préservé des exploitations pétrolières, qui pullulent dans le coin. D’ailleurs sur la route nous voyons ce qui semble être un puit.

Nous logeons au bord d’une rivière au Dolphin rose Lodge. Oui c’est le coin des dauphins roses, rares dauphins d’eau douce. Nous les avons vu mais très furtivement, un peu comme un fonctionnaire à son poste de travail, faut être attentif pour les apercevoir.

Le voyage est assez long de Quito : bus de nuit de 7 h pour traverser les Andes et arriver à un village aussi joli qu’un allemand en grosses chaussettes en laine avec des birkenstock : Lago Agrio. De là 2 heures de minibus sous un déluge quasi-biblique genre ancien testament. Et clou du spectacle pour rejoindre le Lodge qui est niché comme vous l’aurez compris au sein de la Jungle équatoriale équatorienne, 2 heures de pirogue qui auraient dû être idyllique mais qui au final se révèleront presque dantesque à cause d’une pluie incessante.

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Enfin nous arrivons au Lodge, perdu dans la nature.

sofitel
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La prestation prévoit des activités et nous partons pour une visite d’une lagune dans laquelle on peut se baigner. Faut juste se rappeler que le moindre insecte là-bas peut se révéler mortel dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas c’est aussi mortel mais après 120 jours d’atroces souffrances paraît-il : comme d’écouter Obispo sans interruption pendant 5 minutes.

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On se jette dans une eau un peu orangée, au loin dans la mangrove se baignent des Caïmans mais apparemment ils ont assez à manger pour ne pas venir nous embêter. Se baigner en pleine Amazonie, pas mal non ?

Le lendemain nous effectuons une marche de 3 heures dans la forêt. Il faut se l’imaginer comme dans les épisodes de Tarzan avec J. Weismuller ; dense, pleine de végétation, avec des arbres tous différents, les lianes qui pendent, il manque juste le cri. Par contre nous sommes un peu déçu par le manque d’animaux. C’est normal en fait, il y a peu d’animaux seuls les insectes et des toutes petites bestioles  peuplent la forêt. On commence même à regretter le Costa Rica. Par contre la guide nous fait une énumération en règle des plantes médicinales : ici, un petit arbuste dont on extrait la sève et qui guérit tous les cancers en moins de 2h, là une feuille qui fait repousser les cheveux, là un arbre qui permet de vivre jusqu’à 122 ans sans respirer, un  autre encore qui fait repousser les membres amputés. Bref toutes les maladies peuvent être traitées apparemment en 12 m2.

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Yoan est un peu déçu on lui avait vendu l’Amazonie comme le règne animal, il n’a droit qu’au règne végétal, ça l’intéresse beaucoup moins. Léa elle n’a pas daigné se déplacer, faut dire que dès qu’elle voit une araignée en photo elle se met à hurler ! Là les araignées elles vous sautent à la gorge et vous font une clef de bras à mettre Teddy Riner au tapis.

En fin d’après-midi, nous effectuons un tour en pirogue au coucher du soleil dans une lagune magnifique. Le silence et les couleurs nous font apprécier ce moment de pur bonheur; Ô temps suspend ton vol, les secondes s’égrènent lentement, nous laissant déguster la beauté du lieu. On est loin de tout mais si proche finalement de la nature ; la lagune, calme comme une mer d’huile d’olive napolitaine, reflète les derniers rayons de soleil et permet de faire de superbes photos d’arbres à demi engloutis.

surréalisme dalien
surréalisme dalien

Clap de fin et retour dans l’obscurité pour traquer des boas. La guide avec ses yeux bioniques les repère avec sa lampe, on en voit 2. L’un très fin, long mais d’un diamètre d’un spaghetti de taille 5 de chez Barilla. Un autre un peu plus grand et épais, j’imaginais les boas aussi gros qu’une andouillette de la Brasserie George, et bien non c’est plutôt fin. Tout du moins ceux qui se trouvent dans ce coin.

Le lendemain nous partons en excursion pour aller visiter une tribu indigène, une communauté comme ils disent ici. Alors ils ne vivent pas avec des fleurs de banane autour de la taille et un CD dans la bouche comme le chef Raoni, mais ils vivent retirés dans un village en plein cœur de la forêt. Sur le chemin on voit quand même  des singes dont une espèce de tout petit spécimen :  les singes pygmés à peine plus grand que Nicolas Sarkosy. On en voit d’autres tout pelus, on aperçoit un paresseux, des Aras jaunes et bleus aussi. On arrive à voir quand même quelques beaux animaux. On verra aussi dans le village de superbes toucans, magnifiques oiseaux, au bec si caractéristique, emblèmes de la forêt.

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plus beau que moi tu meurs

Venons-en au village lui-même. Quelques maisons en pilotis sont éparpillées au milieu d’une clairière. Il y a une école pour les 23 familles qui vivent là. Il y a même un terrain de foot, faut pas exagérer quand même, ce n’est pas parce qu’on se trouve au fin fond de l’Amazonie qu’il faut oublier les fondamentaux !!

brie comte robert
brie comte robert

Un repas nous attend, mais avant de déjeuner nous participons à la préparation de galettes de racines de Yuka. On commence par déterrer les racines, ça ressemble à ceux que les participants à Koh Lanta appellent le manioc. On le nettoie, ensuite on le râpe puis le sèche en l’essorant. Une fois passé au tamis, on étale ensuite cette espèce de farine sur une pierre bien chaude. Après une cuisson de quelques minutes on obtient une galette qui est la base de l’alimentation locale.

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Une idée me vient même d’ouvrir dans le village un kebab à base de cette galette, puis au final je me ravise, trop compliqué de se fournir là-bas en agneau hallal.

Une fois le repas terminé on rencontre le chaman local, c’est le guérisseur, qui grâce à un breuvage hallucinogène vous diagnostique et vous soigne au travers des visions qu’il a lorsqu’il entre en transe. Devenir chaman c’est un long process apparemment surtout que ce breuvage semble hyper puissant car il nous raconte qu’il aurait même vu l’équipe de Saint Etienne bien joué au foot. C’est dire la puissance du breuvage, qui d’ailleurs ne peut être bu par n’importe qui. Cette boisson est fabriquée à partir d’une liane tout ce qui a de plus banal, quand je vous dis que la végétation est extraordinaire en Amazonie.

c'est de la balle les gars
c’est de la balle les gars

Nous avons droit à une démonstration, je me suis porté volontaire pour une séance spéciale douleur au dos. Je pensais que ça allait être cool, sauf qu’il m’a fouetté le dos avec une ortie super puissante, celle qu’on connait en Europe à comparer sont aussi douce qu’un savon luxueux. Résultat des courses : je n’ai plus mal au dos mais j’ai une irritation atroce sur la peau de mon dos maintenant !!! je me demande même si on ne s’est pas foutu de nous. Je vous rassure après 45 jours la douleur est passée !!

Retour au lodge après cet agréable après-midi, pour une marche nocturne dans la forêt. On voit péniblement des araignées et des scorpions. Sinon RAS, à part une plante qui permet de faciliter le transit intestinal. Si j’oubliais Cécile s’est fait piquée par une abeille, c’est con venir en Amazonie pour se faire piquer par une abeille, par un scorpion ça a plus de classe quand même.

Le lendemain c’est le jour du départ on se lève tôt pour faire une ultime balade en pirogue. 6h du mat j’ai des frissons, je claque des dents et je monte le son. On découvre ce qu’est le calme absolu celui qui précéda le big bang. Seul le piaillement des oiseaux perturbe ce tableau idyllique, les singes nous regardent le long de la rivière pendant que nous apprécions ce moment hors du temps.

Démis Roussos
Démis Roussos

Visite tranquille de la lagune au milieu de ces arbres à semi engloutis que le soleil éclaire d’une lumière dorée.

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On en oublie, la France, l’Europe, le terrorisme, François Hollande, les impôts, la fuite d’eau dans le bac à douche, les traites de la maison à payer, l’avenir, tout, on oublie tout pour juste goûter ce moment comme un bonbon sucré un peu acidulé si bon qu’on a envie de manger tout le paquet. La lumière du soleil qui se lève ajoute un peu plus de poésie, c’est beau l’Amazonie, faudrait juste qu’on essaye de pas tout détruire.

Voilà c’est fini comme dirait JL Aubert, faut rentrer de nouveau dans la civilisation. Toutes les bonnes choses ont une fin mais ces images resteront gravées dans nos disques durs cérébraux défectueux, nous espérons juste Cécile et moi que les enfants s’en souviendront aussi.

4 jours sans téléphone, sans wifi et avec de l’électricité 1 h par jour (juste le temps de recharger les batteries des appareils photos), c’est bon !

Pour plus de photos : c’est ici

Infos pratiques :

Nous sommes passés par Tout Equateur (des anciens de Tout Costa Rica ont monté la même agence écosolidaire ici). On ne s’en servira que pour l’Amazonie.

Sinon vous trouverez beaucoup d’agence sur Quito qui vendent un package de 4 jours. Si vous restez plus de temps, les activités se répètent mais cela permet aussi de se reposer car le temps libre entre les activités l’après midi est court. Et il faut bien tester les hamacs !

Pour ceux qui seraient intéressés, nous avons un contact dans la communauté où nous sommes allés, c’est la sœur de notre guide. Je pense qu’ils peuvent aussi organiser votre venue de Quito.