Jigokudani : Un singe en hiver.

Après nos 5 premiers jours à Tokyo nous partons vers une destination qui nous a été suggérée par Yoan : Jigokudani. Ce n’est pas que Yoan connaisse parfaitement la géographie du Japon, pour lui chinois japonais ou coréens c’est comme Palestiniens et Israéliens, ça mange dans la même assiette. C’est plutôt qu’un jour il a vu dans un reportage à la télé sur des singes qui vivaient dans la montagne, et en hiver au lieu de se les peler dans la neige ils se baignent dans des sources d’eau chaude. Cécile, elle avait vu déjà des photos de ces singes. Après moults recherches, on se rend compte que c’est à Jigokudani, près de Yamanouchi. Marche de 30/45 mn dans la neige à prévoir (s’il a neigé), et le froid à coup sûr … n’ayant que des tongues, une paire de baskets, et pas de gros anorak … on s’est dit : qui vivra verra ! Et comme nous sommes des parents top de chez top (enfin surtout moi, le papa…parce que la maman je vous raconte pas qu’est ce qu’elle picole grave, mais dites rien c’est un secret) on décide de contenter Yoan.

A vrai dire c’est top comme expérience non ? Voir des macaques se baigner dans des sources d’eaux chaudes, c’est un peu vivre la planète des singes, non ? Parce qu’après ils vont faire quoi ??? Louer une maison à Ramatuelle pour l’été??

Mont Fuji

On part donc en bus pour 4 heures, il faut d’abord passer par Nagano. Pendant le voyage on voit le symbole du Japon : un walkman Sony…non le Mont Fuji. Magnifique avec son écharpe blanche pour le protéger du froid. Après 4h de route nous arrivons à Nagano et là retour en arrière en 1998 avec Pierre Fulla qui désespère de ne pas voir de neige pour les J0. En fait Nagano c’est un peu notre Chambéry, la porte d’entrée aux Alpes Japonaises.

On prend ensuite un train qui nous amène à Yamanouchi, puis un bus local. Les Japonais ont tout prévu avec des cartes, des dessins … pour vous faire comprendre quel bus prendre (bon là y en a qu’un qui monte et qui descend le village…). On arrive à notre hotel, le Nozaru hostel, c’est le seul qu’on ait trouvé pas trop cher. C’est en fait une auberge de Jeunesse avec un Onsen (source d’eau chaude). C’est notre première expérience de chambre typique Japonaise : des tatamis et des futons posés par terre. C’est top avec la petite table au milieu sous laquelle il y a un chauffage pour se réchauffer les pieds. Oui car il fait froid, très froid !!! Seul hic : c’est le chauffage au fuel dans la chambre… à cause de l’odeur on se croit dans la raffinerie de Feyzin…ça nous rappelle un peu la France !

On mange le soir dans un resto très couleur local avec des plats hyper locaux, tellement locaux qu’on n’y comprend rien et qu’on se perd dans la liste…expérience très intéressante du petit boui boui Japonais!!! Yoan et Léa n’ont rien mangé!!! Moi je me suis bien régalé. Cécile un peu moins.

Ensuite nous avons droit à l’expérience la plus improbable, la plus déroutante et la plus déstabilisante de notre voyage japonais. Je parle des bains publics. Ici il n’y a pas de douche dans les chambres et on va se laver à dans les bains publics.

Yamanouchi est aussi connu pour ses sources d’eaux chaudes naturelles qu’on appelle Onsen. Il y a en a beaucoup dans ce village, et vous pouvez en faire plusieurs les uns derrière les autres. Ce sont donc des bains publics mais chauffés naturellement. On se retrouve à poil au milieu de Japonais qui sont assis sur des tabourets et qui s’aspergent d’eau avec une écuelle comme si leur vie en dépendait. Je n’ai pas de photo, mais se retrouver européen que nous sommes avec notre éducation Judéo Crétine pudique, se retrouver donc au milieu de tous ces Japonais nus qui eux sont à l’aise puisqu’ils pratiquent ces bains depuis qu’ils sont sortis du ventre de leur mère, se retrouver donc ne sachant que faire et nu, c’est comment dire déroutant!!! Si tout est fait pour se relaxer comme le font les Japonais, le manque d’habitude (on ne sait pas quoi faire et comment…comme l’utilisation d’un petit torchon qui semble si important et dont je ne vois pas l’utilité), le manque d’assurance  fait qu’on ne profite pas pleinement de cette expérience et de ces bains d’eaux chaudes naturelles. Dont un se trouve à l’extérieur au milieu de la neige.  Dernier point on parle tous le temps de la taille du sexe des différentes ethnies et des légendes urbaines associés, je donnerais juste un conseil : pour nous européens vaut mieux aller au Japon qu’au Gabon je pense.

bains publics

Cécile, de son côté s’est retrouvé seule un soir dans le Onsen de l’hotel et Léa malgré l’interdiction est venue avec son maillot essayer ce bain à l’intérieur de l’hotel.  Les femmes et les hommes sont bien sûr séparés.

 

Le lendemain nous partons pour le fameux parc des singes. Un bus chaîné y monte, la route peut se révéler verglacée.  Après quasiment 45 minutes de marche, sur un chemin un peu enneigé, on touche au Graal. Un petit creux dans la montagne où jaillit de l’eau chaude abrite une colonie de singes. Ils sont plus d’une centaine à s’ébattre dans le bassin. C’est un parc qui a été créé il y a une cinquantaine d’année par quelqu’un qui voulait sauver ces singes qui étaient systématiquement chassés par les hommes. Il a commencé à leur donner à manger et les singes pas cons sont restés. Puis un jour un singe s’est décidé à plonger dans l’eau chaude, depuis toujours pas cons ils préfèrent se la couler douce plutôt que de rester à gambader dans la montagne enneigée.

Ca donne un spectacle unique en son genre, tout est enneigé autour, il pèle à ne pas mettre un sans abri dehors et vous avez ces singes à qui il ne manque plus que le mojito et un cigare pour paraître comme des retraités américains profitant des intérêts de leurs fonds de pension.

Nous vivons encore une fois une expérience unique, que Dieu soit loué lui et toute sa smala de nous faire vivre ça.

On reste plus de 2 heures malgré le froid pour observer ces singes qui se courent après et montrent leur incisive car malgré tout ils ne restent que des singes avec leurs codes et leurs hiérarchies.

C’est Magnifique!!!

Nous rentrons ensuite à pieds au village par un chemin qui longe la vallée sur la droite cette fois. Une petite marche de 30 minutes très sympa au milieu des bois et nous avons pu voir des hippopotames qui batifolaient eux aussi dans les bassins…non c’est pas vrai faut pas exagérer quand même.

On profite une dernière fois des Onsens, cette fois je suis seul et peux en profiter pleinement sans me demander si je fais bien les choses. En se baladant dans les rues de notre quartier on voit les touristes Japonais qui passent d’Onsen en Onsen en habits traditionnels, on comprend que pour eux c’est un rituel important et qu’ils profitent de cette expérience. Ils portent juste un kimono et sont pieds nus en geta (tongues en bois). Ce bruit des tongues est reconnaissable au bruit des pas dans la rue et ce depuis votre chambre. On a tellement chaud en sortant que les chaussettes ne sont pas nécessaire.

On voit même des œufs qui cuisent dans l’eau tellement la température est élevée.

On mange ensuite dans un restaurant traditionnel Japonais, les enfants n’ont pas trop aimé. Cécile un peu plus et moi comme d’hab qui mangerait un rat mort si j’ai trop faim, j’ai adoré…

Au final nous sommes ravis de cette escapade non seulement parce que nous avons pu assister à un spectacle unique mais aussi parce que nous avons fait une immersion complète dans le Japon des campagnes tel qu’on l’imagine, celui des traditions, des us et coutumes séculaires, des samouraïs qui se transpercent la panse parce qu’ils sont arrivés 5 minutes en retard à un RDV. Tellement éloigné des tours à 50 étages toutes illuminées et gigantesques de Tokyo.

Mais nous n’avons pas fini avec le Japon traditionnel car nous  nous dirigeons vers Kyoto en bus de nuit de Nagano, l’ancienne cité impériale.

Pour plus de photos : c’est ici

A suivre…