Medellin : l’exemple à suivre
Oui vous avez bien lu. Medellin (Medejin comme prononcent les Colombiens) est un exemple à suivre.
C’est à l’antipode de l’idée qu’on s’en fait en France.
Le cartel de la drogue et la guérilla urbaine permanente c’était vrai. Les 5000 morts par an par armes à feu c’était vrai aussi. Il suffit d’aller au Musée de la Mémoire pour s’en rendre compte (voir les photos et textes dans la galerie photos si vous voulez en savoir plus).
Puis un beau matin d’octobre 2002, l’opération Orion qui a eu lieu dans la Comuna 13, un des quartiers les plus dangereux de Medellin, a été le point de départ d’une transformation de cette ville tentaculaire. Cette opération c’est d’abord une répression forte de l’armée : une semaine de combat en pleine ville, entre l’armée et les différentes factions militaires liées au trafic de drogue. Durant cette terrible semaine les balles fusaient, de toutes parts des fusils mitrailleurs, une véritable guerre civile. Il y eu 13 morts selon la police et des centaines selon les syndicats comme on dirait chez nous. L’armée tirait sur tout le monde y compris les enfants.
Nous avons visité ce quartier apaisé où il y a 5 ans encore on se serait fait attaquer. Notre guide est un jeune du quartier qui mène des actions sociales pour le compte de la ville (ne dites pas à ma mère ce que nous avons fait sinon c’est elle qui va m’égorger…). Il nous explique qu’il y a encore 6 ans, même un membre de sa famille ne pouvait pas leur rendre visite tellement c’était dangereux. Il nous montre à 200 m de nous où des travaux de construction sont en train d’être réalisés un espace délimité par des barrières vertes : c’est un charnier à peine mis à jour, sûrement des victimes de l’opération Orion nous raconte le guide.
Une fois cette opération de reprise du contrôle du territoire, les actions préventives sociales ont pris le relais : éducation des jeunes, actions culturelles, développement d’activités sportives. L’état a décidé de donner de l’argent aux familles qui laissaient leurs enfants aller à l’école afin de les instruire et de les occuper. Petit à petit, les jeunes n’ont plus trainé dans les rues à vendre de la drogue, ou voler. Répression + prévention et le tour est joué.
Sur les murs de la cité on voit énormément de graffitis fleurir : les gens s’expriment à travers l’art au lieu des armes. Résultat, la paix et le désir de vivre ensemble s’affiche de partout et miraculeusement ce quartier devient un exemple de transformation social. Prenons-en de la graine.
Il règne à Medellin un civisme et une envie de vivre ensemble ostentatoires qui nous a fait envie nous Français. Oui on devrait aller voir comment ils sont arrivés à pacifier certains quartiers pour l’appliquer chez nous. Nos responsables politiques au lieu de se battre pour leur siège si confortable feraient bien d’étudier ce qu’ont réalisé les élus de cette ville. Si nous avons bien compris (oui car le guide nous parlait espagnol !), la politique a été inspirée de la Catalogne, du pragmatisme mélangé à l’éducation avec un brin de libéralisme (ils ont poussé et aidé les gens du quartier à créer leur propre activité aussi), le tout saupoudré de culture et de sport. Alors tout n’est pas rose il reste encore des quartiers nichés sur les collines qui sont encore dangereux. Mais en 10 ans ils sont passés de 5000 homicides par an à moins de 500 sur la région !
C’est cet état d’esprit qui nous a frappé, cette optimisme qui nous a fait apprécié cette ville. Il faut voir le civisme des gens qui attendent le métro, bien alignés. Les personnes montant dans un bus s’acquittent du billet avant de descendre mais ils pourraient très bien descendre par l’arrière sans payer.
Nous avions peur de nous ‘faire rouler’ en tant que touriste. Et bien non, on a vite compris que les vendeurs ambulants nous faisaient payer le juste prix (merci Rizzoli).
Nous avons eu la chance de loger dans une auberge de jeunesse, l’Hotel Rich tenue par une hispano-colombienne adorable, Silvia extrêmement gentille et attentionnée. Nous avons beaucoup échangé sur le pays. C’est elle qui nous a dit de faire un tour dans la Comuna 13. Car nous avions eu un autre son de cloche : les habitants plutôt aisés de Medellin n’ont pas encore un beau regard sur ces quartiers malgré les changements, mais sûrement pas pure méconnaissance de ce qui a été réalisé.
Robin un ami de Florent, nous a bien accueilli aussi et nous sommes allés voir un match du Nacional de Medellin ensemble (nous logions à 200 m du stade !). Le foot est une institution en Colombie et les supporters du Nacional sont parmi les plus virulents. L’ambiance est bon enfant et le virage ne cesse de chanter, de sauter et d’encourager son équipe pendant tout le match.
A un certain moment du match nous avons vu les gens autour de nous lever la tête, ils regardaient des enceintes au-dessus de nous bouger, oui oui nous assistions à un tremblement de terre ! Nous avons vérifié sur internet le soir et il y avait bien eu un tremblement de 5.9 sur l’échelle de Richter ! Cécile et les enfants n’ont rien senti mais Robin et moi oui.
Au oui un petit mot sur la ville en elle-même, il y a le centre avec la place Botéro (vous savez le peintre colombien qui aime les grosses !!) des statues de ses œuvres y paradent.
Toute la zone autour frémit de commerce et de vendeurs ambulants qui donnent une ambiance si particulière de vie grouillante. La musique colombienne qui résonne de partout ajoute un effet hypnotique. Nous nous promenons parmi le flot des passants, bercés par le spectacle alentour, rythmés par les airs de salsa omniprésente.
Tout en haut d’une colline se trouve le parc Arvi (très prisé le weekend et randonnées possibles dans la forêt). Le trajet pour s’y rendre offre un superbe panorama sur cette ville tentaculaire. Medellin est immense et il faut prendre les téléphériques qui grimpent le long des collines sur lesquels sont accrochés ces fameux barrios pour en apprécier l’étendue, s’en est même envoutant.
Ces téléphériques ont joué un rôle primordial car ils ont permis de désenclaver des quartiers qui étaient auparavant quasiment inaccessibles. La nuit, ces quartiers accrochés aux montagnes illuminent la ville tel un ciel rempli d’étoiles. On en prend plein les yeux : on dirait un volcan qui crache sa lave descendant lentement le long des montagnes. Toutes ces lumières sont fascinantes.
VILLAGES AUX ALENTOURS DE MEDELLIN
Nous profitons de ces quelques jours pour faire la visite de 2 villages à 1h30/2h de Medellin : Santa Fe de Antioquia et Guatapé.
Santa Fé d’Antioquia est est un charmant petit village comme dirait le Guide du Routard. Style colonial Espagnol évidemment. On y mange bien et pas cher. Bon c’est toujours la même chose : empenadas frits, beignets frits, poulet frit accompagné de riz… tout est frit je vous l’ai dit ! mais c’est bon et pas cher.
La ville a un petit cachet. Elle se visite rapidement, à la fin nous avons pris un moto taxi, ça m’a rappellé les Piaggio à 3 roues du Sud de l’Italie, ceux qu’on voit dans Don Camillo. Pour 12000 Pesos il vous emmène à l’un des plus grands ponts suspendus d’Amérique du Sud. C’est un pont suspendu donc pas d’affolement, n’allez pas prendre un billet d’avion rien que pour le visiter, le pont de Chasse à Givors est plus joli, mais celui-là ne manque pas de caractère, au-dessus d’un fleuve marron, on roule dessus en se demandant comment il peut tenir. Il a été construit à la fin du XIXe, le sol est en bois.
Au final, les heures de bus pour aller dans ce petit village ne valent la peine que si vous avez du temps. Nous avons préféré la visite de Guatapé.
GUATAPE se trouve à 2h de Medellin. Nous avons fait un premier arrêt à El Peñon, un monotithe de 220 m de haut, posé au milieu d’une plaine entourée de montagnes et d’un lac. La vue à 360°C est à couper le souffle d’un coureur Kenyan dopé ou Ethiopien, pas de jaloux. Il faut juste monter 650 marches et là même le coureur Kenyo-Ethipien arrive là haut essoufflé. Bon il nous a manqué un peu de soleil, nous avons essuyé des trombes d’eau lors de la descente.
Ensuite vient le clou du spectacle comme dirait Jésus. La visite du village de Guatapé. Si j’ai bien compris un jour un habitant s’est levé et en a eu marre de son village gris et dénué de charme. Il s’est dit ‘ben on va peindre les maisons et faire des fresques dessus’. Je ne crois pas que ce soit passé comme ça mais en tout cas le résultat est magnifique. Ce village c’est une petite perle de beauté. Les maisons colorées sont agrémentées dans la partie basse de fresques. Sur celle du boucher y’a des petits agneaux (charmant non ?), sur celle d’un bar des joueurs de cartes. Même les enfants ont adoré, pour vous dire ! Si vous êtes à Medellin un jour (pour se refournir par exemple) ne partez pas sans visiter Guatapé. Unique et magnifique.
Le funérarium
Viva Colombia e el general Zapaté !!!!
Pour plus de photos : c’est par ici
Infos utiles :
Musée de la Mémoire à Medellin : gratuit, à voir absolument
Bus Medellin-Santa Fe d’Antioquia : 10000 COP/pers – taxi tuk tuk : 15000 COP pour 4
Bus Medellin-El Penon : 13000 COP/pers
Entrée payante pour monter en haut de El Penon : 15000 COP/pers