Levons de suite les équivoques. Le Chili con carne n’est pas du tout une spécialité chilienne…mais il fallait bien que je trouve un titre avec un jeu de mot…de plus la viande n’est pas pour tout de suite ça attendra l’Argentine.
Le Chili est un pays à la géographie très particulière, c’est une espèce de canne retournée de 4500 km de long et de 200 km au maximum de large, pas facile à visiter hein !!! on va le faire en 2 fois : une semaine dans le centre entre Santiago du Chili et Valparaiso sur le bord de mer.
D’abord c’est Santiago, là encore on va de suite écarter une croyance qu’on peut être certain, rien à voir avec Santiano de la chanson d’Hugo Frei. Mais alors qu’est-ce qu’il y a à voir à Santiago ???
Et bien pas grand-chose, alors attention ça ne veut pas dire que cette ville est inintéressante. Oui ce n’est pas à proprement parlé une très belle ville, tout ce qu’il y a de plus occidental qui soit, des grands immeubles des années 70 se suivent les uns derrière les autres, 2 petits quartiers assez sympa au niveau de l‘architecture pour une ville de 6 millions d’habitants (sur les 18 que comptent le pays au total) c’est pas Byzance, même à Dijon on fait mieux !!!
Les 2 quartiers en question sont le centre historique et Bella Vista. Ce dernier abrite une des maisons de Pablo Neruda, poète chilien, prix Nobel (pas Chantal) de littérature et communiste accessoirement, espèce aujourd’hui presque disparue. D’ailleurs je vous conseille pour connaître un peu ce grand écrivain de regarder le film le Postino qui relate son exil à Salinas une des îles éoliennes, splendide par ailleurs.
On peut donc visiter sa demeure à Pablo qui est niché au pied d’une colline San Cristobal. Cécile l’a fait et je confirme c’est une maison…à vrai dire je ne suis pas fan de ces visites de maison de personnage célèbre, à la limite si on est un admirateur pourquoi pas, moi Pablo Neruda je le connais parce qu’étant de Givors ville communiste depuis 500 ans (oui oui c’est possible) il a le nom d’une rue qui menait à la rue Aragon qui donnait elle sur Youri Gagarine.
A part ça ? le quartier recèle quelques belles maisons colorées de très jolis tags.
Le centre historique est aussi mis en valeur par quelques maisons de style Hausmanien. Mais ce qui est plaisant c’est plutôt l’ambiance dans les rues qui sont pleines de vie, d’animation, les parcs pas très jolis, mais pleins de jeunes, assis dans l’herbe qui échangent sur les rimes de Pablo ou courent avec le maillot d’Alexys Sanchez sur le dos. Comme dans toutes les villes sud américaines ça grouille de monde, des vendeurs ambulants proposent toutes sortes de marchandises et c’est extrêmement vivant. C’est ce côté-là que nous avons aimé.
La visite au musée de la mémoire est à faire aussi. Car les Chiliens ont enduré une des dictatures les pires de l’histoire contemporaine ; on y comprend mieux la douleur des personnes torturées (des témoignages vidéos poignants) ou des proches des disparus (des dizaines de millier). On comprend moins l’impunité après son départ du pouvoir qu’a pu avoir Pinochet, en discutant un peu on comprend que certains voient même son action comme positive. On en vient à penser que comme en Italie ici on est soit fasciste soit communiste…Don Camillo ou Pepone en sorte. Malgré le manque de cohérence dans le parcours du musée pour ceux qui comme nous ne connaisse pas l’histoire du Chili parfaitement, on y apprend beaucoup de chose intéressante notamment le coup d’état en lui-même, sa dynamique et comment Salvador Allende (un autre qui à Givors a droit à un Gymnase) a été éliminé. Pour être précis il s’est suicidé avec une mitraillette que lui avait offert Fidel Castro (Tiens encore un autre qui à Givors, non j’arrête) dans le palais présidentiel « la Moneda » que la junte n’a pas hésité à bombarder…
On y découvre aussi le rôle de la CIA, qui comme dans les films use des bas coups les plus improbables pour défendre les intérêts des entreprises américaines contre ces salauds de coco qui veulent tout nationaliser.
On pense que c’est aussi ça le tour du monde, faire découvrir à nos enfants ce que certains ont pu endurer dans le passé. Comme un témoignage pour les vacciner dans le futur, pour ne pas qu’ils oublient la chance qu’ils ont eu à la naissance.
Après 4 jours passés à Santiago qui au final nous fait beaucoup penser à l’Europe nous partons pour Valparaiso. Le voyage se fait en bus, en un peu moins de 2 h et là c’est différent.
Valparaiso c’est d’abord un port, un des plus importants avant le canal de Panama, et comme tout port (ou porc) qui se respectent ben c’est sale. Cela semble mal famé par endroit, on y voit encore les stigmates du tremblement de terre qui a mis à terre certains immeubles. On dirait Marseille, Naples ou Gênes, ces villes qui n’ont pas très bonne réputation.
La ressemblance va jusque dans les collines très très nombreuses (cerros en espagnol) qui descendent se jeter dans la mer et qui regorgent de quartiers populaires dont on nous dit qu’il ne faut pas mettre le pied de peur d’y perdre l’intégrité de sa carotide.
Mais je pousserai la comparaison encore plus loin, comme ses 3 ports, que je connais un peu, Valparaiso révèle une beauté et un charme à celui qui veut voir plus loin que cette première impression négative. C’est la ville des tags. Il y en a partout, il suffit de regarder un peu les maisons et les immeubles pour être ébloui par ces créations artistiques, car ce ne sont pas les pauvres tags qu’on peut voir chez nous, simple signature de pseudo artiste ravageur.
Non là ça rivalise de beauté et de créativité à chaque coin de rue. Les couleurs explosent. Les nombreux escaliers sont recouverts sur leur flan de mosaïques qui sont des fresques seulement vues d’un certain angle.
Les funiculaires qui jonchent les rues ajoutent à la magie de la ville, ces vieilles cabines tirées sur des pentes dignes du tour de France semblent aussi anciennes que Michel Drucker, c’est peu dire.
Bref Valparaiso c’est un mélange de saleté, de destruction et de gens aux gueules peu recommandables, flottant dans une atmosphère quasi poétique, colorée et au charme indéniable. C’est comme dans une bande dessinée d’Enki Bilal ; post moderne, post apocalyptique, ou tout à un sens mais au-delà de la réalité qu’on voit. Voilà lisez une BD de Bilal et vous aurez le sentiment que j’ai éprouvé en visitant cette ville.
On se perd dans les rues; au gré des tags. Il faut aimer marcher, monter descendre, ne pas hésiter à prendre ces funiculaires d’un autre âge.
Nous avons visité le marché couvert construit par Eiffel, au deuxième étage se trouvent les restaurants, on vous sautera à la gorge pratiquement pour obliger quasiment à vous asseoir de force. Suffit de ne pas se laisser faire, un ou deux coup de boule et on vous laissera tranquille. On peut y manger d’excellents fruits de mers soit gratiné soit en soupe, « paila marina (on s’est régalé !).
Nous avions gouté la veille dans un resto pas trop cher une autre spécialité, de la viande, des saucisses servis sur des frites, une chorillana, un plat léger et végétarien qui a ravi les plus grands et les plus petits. Et puis encore et toujours des empanadas, ici il y a celles les empanadas de pino (viande, oignons, olives).
Ensuite nous sommes allés à Vinar del Mar ville balnéaire qui se trouve à quelques kms de Valparaiso, là changement total, c’est une ville de bord de mer quelconque, le seul intérêt : s’allonger sur la plage et faire une sieste. C’est ce que j’ai fait, il paraît même que j’ai ronflé.
On quitte Valparaiso, une autre découverte de notre voyage, ville unique encore une fois, pleine de poésie qui mérite sans hésitation le détour.
Pour plus de photos : c’est par ici
Nous partons pour un autre pays qui est la patrie de certaines de mes idoles de mon enfance, Mario Kempes et sa chevelure folle mais surtout Diego Armando Maradona, cocaïnomane de profession. Je parle bien évidemment de l’Argentine.
Infos Valparaiso :
Coup de cœur pour une petit resto : el café color, calle Papudo 526 dans le quartier Bellavista. Cadre éclectique, relaxant. Nous avons eu le droit à un chanteur avec guitare. Très très bon marché pour le coin.