Notre taxi nous laisse à la frontière qui se traverse en passant sur un pont au dessus de la rivière qui sépare la Thaïlande de la Birmanie. On effectue les formalités du côté thaï très rapidement. Du côté birman c’est un peu plus long mais tout se passe assez rapidement quand même lorsqu’on sait qu’il y a peu de temps encore il était assez compliqué de traverser cette frontière.
Alors commençons par parler un peu de la Birmanie. Ou plutôt ce que l’on sait de ce pays nous occidentaux gavés par nos médias si bien informés d’infos préchauffées . C’est une dictature qui gouverne un des pays les plus pauvres de l’Asie voir de la planète. On sait que la fille d’une des figures de la libération du pays du temps des colonies aujourd’hui est première ministre, c’est le prix Nobel de la paix Aung Shan Sukie qui dirige le gouvernement. On sait aussi que ce pays est un patchwork d’ethnies différentes qui des fois s’affrontent dans certaines zones du nord, de l’est. Une ethnie musulmane d’origine du Bangladesh se fait même apparemment massacrée dans l’ouest du pays. Certaines régions sont toujours fermées aux touristes, mais malgré tout c’est avec beaucoup de curiosité qu’on entreprend notre périple. Il faut aussi savoir que les birmans n’appellent pas leur pays la Birmanie qui pour eux à une connotation trop coloniale et pour rompre avec ce temps-là ils l’appellent donc Myanmar. Certaines villes aussi ont des noms différents suivant l’époque, on va essayer de respecter leur nom donc.
On nous avait dit que le Myanmar était sale…
et bien on s’en aperçoit assez rapidement rien qu’en marchant quelques centaines de mètres pour trouver un taxi qui va nous amener à notre première destination Birmane Mawlamyine, prononcez Mawlamyine…je plaisante prononcer le comme vous pouvez ou bien donner lui le nom que nous lui donnons-nous occidentaux Moulnein. Les rues ne sont pas toutes goudronnées et certaines sont en terre, les étals des marchands sont inexistants et la nourriture vendue est posée par terre sur des bâches.
Une pause pipi me fait entrevoir ce que j’avais peur de voir, des toilettes dont la propreté est à des années lumières du minimum syndical. Quand Cécile m’a poussé à faire ce tour du monde une de mes craintes c’était de me retrouver dans des pays où faire ses besoins relèverait d’un exploit surhumain à cause de l’hygiène qu’on allait rencontrer. Ben voilà j’y suis !!!!
Mais ce qui est le plus difficile à supporter (même un mois après on l’a difficilement supporté) c’est de les voir cracher très souvent. Malheureusement le Birman chique une espèce de mélange de feuille et de noix de muscade mélangé à de la colle de riz. Il mastique pendant des heures cette mixture malodorante qui rend la salive rouge. On dirait qu’ils ont la bouche pleine de sang et on a l’impression qu’il vienne juste de manger quelqu’un tant la couleur de la salive est rouge. Ce qui nous fait penser que nous sommes tombés chez un peuple de cannibale. Et dire que nous avons payé pour y aller !!!
Alors pour contre balancer cette première impression autant dire de suite ce qu’on a pensé des Birmans : sans conteste c’est le peuple le plus gentil et le plus accueillant que nous avons rencontré. Même si leur sourire fait peur à cause du « betel » (c’est le nom de la mixture qu’ils mâchent), nous n’avons jamais rencontrés de gens aussi aimable, aussi accueillant, aussi gentil, prêt à vous aider sans rien demander en retour. Ils vous saluent lorsqu’ils vous croisent, prennent en photos souvent nos enfants tellement ils sont contents de voir des occidentaux. Vraiment on s’est senti bien, voire même mieux qu’à la maison (je suis sûr qu’on me sourit moins dans les rues de Lyon) devant autant de sollicitude de leur part.
On fait attention juste où on met les pieds, leur gentillesse nous fait oublier la crasse ambiante.
On se rend donc à Mawlamyin au sud de la Myanmar, une ville au bord d’un fleuve qui se jette dans la mer. Elle a la particularité d’avoir une colline remplie de temple qui fait face au fleuve et qui permet d’observer le coucher de soleil dont Kieppling disait qu’il était le plus beau au monde. On loge au Sandal Wood Hotel, qui est très convenable pour le prix payé. On nous avait dit tellement de mal sur le prix et la qualité des hôtels que nous appréhendions un peu.
Le premier jour nous faisons une excursion pour 20000 Chyatts qui va nous amener au plus grand Bouddha couché du monde. Un délire d’un moine qui s’est mis en tête de construire un Bouddha couché de 200 m de long.
C’est kitsch, voire très kitsch voire même super kitsch. Il est là couché sur le flanc d’une colline, avec ses couleurs et ses longs cils qui le rendent presque ridicule. Ce n’est en rien un monument artistique ou culturel de premier ordre mais le jour où le kitsch sera l’unité de mesure de la richesse d’un patrimoine culturel et bien ce bouddha-là sera surement l’étalon. Mais qu’est-ce qu’il a bien pu se passer dans la tête du moine à l’initiative de cette construction pour arriver à ça. Bouddha tu dois pas être déçu là-haut !!! L’extérieur est assez remarquable mais l’intérieur du Bouddha n’est pas mal du tout avec des représentations de scènes monstrueuses de massacres devant lesquelles les pèlerins font des selfies.
Cette visite est à faire absolument en prenant bien soin de tout prendre au second degré. A noter qu’un deuxième Bouddha couché encore plus grand est en construction sur la colline qui fait face au premier…Enorme !
Le plus intéressant est qu’on s’arrête pour aller à ce temple à une vingtaine de km de Mawlamyine dans un monastère où sont réunis dans un premier temple des femmes qui méditent et dans un second encore plus enfoncé dans la montagne des moines. Leur vie est rythmée par les prières et les méditations qui durent une heure, on les voit donc qui sont assis dans la position du tailleur (comme est très souvent représenté Bouddha) complétement immobiles. La plupart ont des moustiquaires (pour pouvoir se concentrer dans être embêté par une mouche) autour d’eux, ce qui renforcent cette impression étrange d’isolement qu’ils arrivent à créer.
La salle de méditation immense est silencieuse, j’entends même les pensées de mes enfants tellement le silence règne, Léa pense qu’elle serait mieux sur un tapis de gym, Yoan lui se demande s’il y a un Wi Fi pour jouer à Clash of Clan. J’oserai presque dire que le silence est assourdissant. Cécile est aux anges devant tant de spiritualité. Il faut dire que ce monastère enfoncé dans la montagne au milieu de la forêt transmet la même sensation qu’un bureau de fonctionnaire en plein travail chez nous : calme et reposant.
On le notera tout au long de notre voyage dans ce pays, la religion bouddhiste imprègne, régule, rythme la vie birmane. Tout est centré autour de la religion et il n’y a qu’à voir le nombre de pagodes, de temples, de stupas pour se rendre compte que le poids de la religion est aussi important que la Vodka pour un Russe. Les Birmans donnent jusqu’à 30% de leur revenu aux monastères (comme les Russes pour la vodka d’ailleurs). De plus chaque birman doit à un moment de sa vie vivre comme un moine bouddhiste (de quelques jours à une vie entière). Chez nous si nous devions tous vivre comme des prêtres ne serait-ce qu’une semaine, ça fait longtemps que nous aurions brûlé toutes les églises.
Au niveau culturel ça peut donner des absurdités comme le bouddha couché de 200 m, mais souvent ça donne des temples magnifiques. Alors c’est vrai il faut aimer l’or, car y’en a de partout, mais on trouve aussi des fresques très jolies, des finitions finement ciselées et on verra par la suite de notre voyage à Bagan des temples en briques magnifiques. Un bel exemple de temple est le Kyieke Than Lan perché sur la colline qui domine le fleuve.
On s’y rend après notre escapade pour y voir le coucher de soleil. C’est un temple auquel on accède par un ascenseur aussi vieux que la dernière victoire de la France à l’Eurovision, c’est dire. Mais une fois en haut on admire ce temple et la vue qui sont à couper le souffle. Le coucher de soleil arrive, beau mais pas le plus beau que j’ai vu. Pour moi celui de San pedro d’Atacama reste celui qui m’a le plus époustouflé.
On va manger dans un petit resto le ‘Ol la la’ où on constate que pour 1€ on peut bien et beaucoup manger. Ce sera le fil rouge de notre voyage : il vaut mieux manger au resto que plutôt se faire à manger…ça coûte moins cher. On mangera une fois aussi au night market sur le bord du fleuve, ce sera bon et pas cher !!
Le lendemain on prend le bateau mais on s’est retrouvé dans un ferry, pour aller sur l’ile qui se trouve en face de Mawlamyine : l’ile de Bilou. On visite rapidement le marché qui se trouve en face de la jetée avant de s’y rendre. On voulait de l’authentique et bien on en a plein les yeux, voire le nez pour les odeurs nauséabondes qui émanent de temps en temps surtout venant des poissons séchés.
Tout est posé par terre quasiment, la viande attire des centaines de mouches qui virevoltent au-dessus des cuisses de poulet… C’est sale mais pittoresque et authentique. On trouve de tout comme à Carrefour Market !!!
On prend donc le ferry et là aussi c’est pittoresque, nous sommes les seuls touristes, tout le monde nous observe mais c’est sympa car tout le monde sourit.
Je rencontre même un Birman supporter de l’Olympique Lyonnais. Evidemment personne ne connaît l’ASSE…vous inquiétez pas arrivera un jour où même en France personne ne saura ce que ça veut dire.
On arrive sur l’ile et un tuk tuk nous emmène faire un tour de l’ile pour 20000 Chyattes. On visite plusieurs villages faites de huttes de bambou toutes sur pilotis (on pense qu’il doit bien pleuvoir lors de la saison des pluies). Sur la route tous les enfants nous font signe avec une banane qui donne la pêche. On est ravi. On visite une fabrique d’élastiques !!! oui des élastiques sont fabriqués sur une île paumée de la Birmanie… et ils font tout le procédé, de la récolte de la résine de l’hévéa jusqu’à la coupe d’élastiques.
On verra aussi une fabrique de produit en bois ainsi qu’une d’ardoises pour écoliers.
Mais c’est l’ensemble du tour sur cette île préservée encore du tourisme qui est intéressant. La joie apparente des personnes que l’on croise est revigorante. Ces gens n’ont rien mais j’ai l’impression qu’ils ont plus à donner que nous.
Le troisième jour nous partons visités une pagode perchée sur une montagne qui surplombe toute la vallée. Ce sont les ‘3 stones’. En fait ce sont 3 grosses pierres en équilibre que les locaux vénèrent comme un signe de dieu. C’est à une 20aine de km de la ville, il faut prendre un taxi 15000 Chyatts l’aller-retour et on grimpe en haut grâce à camionnette où l’on nous entasse comme de pauvres sardines chinoises (qui sont les principaux touristes). Pour monter il faut attendre qu’il y ait assez de touristes pour ne pas payer un prix exorbitant car le prix est au camion.
La vue vaut le coup après le monument est assez quelconque. Dieu n’a rien à voir avec l’équilibre précaire des pierres, je pense plutôt que c’est une obscure histoire de vis et de boulons !!
On part ensuite en direction de Hpa An, c’est à 2 h de route de Mawlamyine mais il faut opter pour le bateau pour remonter la rivière c’est tellement plus beau et sympa. On voit la vie des Birmans se dérouler devant nous, les pécheurs évidemment sont au rendez-vous mais les bords aussi de la rivière révèlent une intense activité.
On s’arrête en cours de route dans un monastère très ancien avec des salles de méditation décorées de magnifiques fresques représentant les victoires de l’équipe de France en 1998…enfin presque aussi vieilles !!!
Nous arrivons finalement à Hpa An, mais faudra attendre un nouvel article…
Pour plus de photos : c’est par ici