Après le déluge apocalyptique du Sud de la Thaïlande nous avons été énormément frustrés de notre séjour sur des plages de rêves que même Moïse n’arrivait pas à assécher, tellement frustrés que nous avons décidé de nous offrir quelques jours sur une plage. Nous décidons de partir en direction du golfe du Bengale sur une plage indiquée par un ami d’un copain (David Gauchez). Pour y aller c’est un peu galère mais bon on sait souffrir après 6 mois de voyage.
On prend un bus de Hpa An à Yangon la capitale (6 heures) où on est obligé de faire un stop pour prendre un bus de nuit direction la plage.
On traverse des villages toujours dans le même acabit, de la terre, des déchets, des marchés, des gens qui crachent, mais pleins pleins pleins de sourire qui nous nourrissent bien plus que tous les hotels de luxe de la terre.
On en profite pour visiter le plus grand temple de Birmanie (les enfants commencent en avoir assez des temples…) le temple de Svhwenagon. Alors là c’est le temple de tous les superlatifs : le plus adulé, le plus grand, la plus grande pagode, le plus doré, le plus de pierres précieuses…bref si un jour vous allez à Yangon faites un détour par ce temple car vous allez prendre un hypercut dans le foie tellement c’est démesuré, et votre foi n’en sera que plus démesurée!!!
Après cet intermède au temple du gigantisme à la gloire de Bouddha dans un des pays les plus pauvres qu’on ait visité, on prend ce fameux bus de nuit qui va nous emmener à 250 kms de là en 12 h !! c’est dire si l’état des routes est bonne en Birmanie. On va aussi vite que la tortue dans la fable..
Inutile de préciser qu’on n’est pas dans le top du bus dernier cri et que la nuit a été difficile surtout sur les 60 derniers kilomètres qui se font sur une piste très sinueuse.
On arrive sur la plage tant désirée (plage G7, voir le lien pour google map https://www.google.co.th/maps/@16.5492663,94.2712254,13z?hl=fr) avec des bungalows au bout d’une presqu’île interdite aux touristes il y a encore peu de temps. Pour y accéder on finit sur des scooters avec l’ensemble de nos bagages sur un sentier de terre aussi chaotique que la campagne de l’UMP.
On est quasiment seul. Les plages sont immenses et désertiques avec des palmiers juste de quoi faire de belles photo. Le seul hic c’est qu’il y a un peu de vent, la mer est agitée et pour le snorkeling c’est fichu il n’y a pas assez de visibilité.
L’autre côté de la presqu’ile est abritée et donc beaucoup plus calme, mais c’est le coin des pêcheurs on peut moins s’y baigner. Toutefois c’est un vrai village authentique, de personnes qui vivent de la pêche avec leur hutte sur pilotis. Juste devant la plage sont tendus d’immenses filets sur lesquels sèchent les poissons qui seront envoyés à Yangon, en Corée ou au Japon. On est loin de la Grande Motte et du Cap d’Agde.
La presqu’ile se termine par une colline sur laquelle a été construite devinez quoi ??? …une pagode. La vue y est magnifique on voit la mer d’un côté et la presqu’ile de l’autre. On profite de notre 8567ème coucher de soleil, toujours éblouis par la beauté de ce spectacle.
On va entre 2 sessions de bronzage visiter une plage sympa toujours en moto avec des spécialistes de la conduite sur plage, on est seul sur des kilomètres de plages sauvages, avec une sensation de liberté immense à cause de la vitesse.
On reste 3 jours et le dernier jour on fait une belle balade au-delà de la colline qui nous amène tout au bout de la presqu’ile. Là les rochers se jettent dans la mer, on dirait de la dentelle travaillée par les ouvrières du Puy.
On fait de belle photo. On atterrit après quasiment une heure de marche sous un soleil d’osmium, métal plus dense que le plomb c’est dire comme il faisait chaud, sur une petite plage complétement abritée des vents à l’extrême sud de la presqu’île. La mer est plate comme une mer d’huile d’olive grecque, on peut même faire un peu de snorkeling sur les nombreux rochers. On est en pleine immersion birmane car les seuls baigneurs sont tous du pays.
Un rail d’authentisme pur, non coupé à la paraffine comme on trouve souvent le mauvais cannabis, perdu dans un lieu très peu fréquenté par les occidentaux.
On rentre par bateau avec les birmans complétements hilares d’avoir des européens avec eux. Inutile de dire que nous avons été superbement bien accueillis. Les gens nous saluaient tous à notre passage, en nous offrant leurs plus beaux sourires (rouge sanguin !!), et c’est une sensation tellement agréable de se sentir entouré par des gens qui vous ne vous feront aucun mal et qui surtout ne vous voit pas comme des dollars ambulants.
On aurait aimé resté encore plus longtemps. Mais la soif d’aventure et de découvertes qui nous anime nous a poussé à encore plus découvrir ce pays. Pour dire toute la vérité c’est surtout Cécile qui a cette soif, moi je suis plutôt casanier et me prélasser sur la plage ça m’aurait bien dit. Mais bon la vie n’est que sacrifices, sangs et larmes et nous devons continuer notre voyage !!!
Là le retour cette fois est de jour. On fait la route pour rejoindre une première ville puis on doit prendre un bus pour Bangkok et enfin un bus de nuit !!! La route qui est plutôt une piste est interminable, on peut voir sur le bord de la route les huttes dans lesquelles vivent les birmans…
c’est pas Byzance, voire même ça ressemble à la jungle de Calais.
Les bus accumulent les retards et on fait attendre tout le monde dans le dernier bus qu’on rejoint après une course poursuite à taxi sans que le chauffeur ne parle un mot d’anglais. Heureusement d’ailleurs sinon il nous aurait envoyer paitre…
Au final nous arrivons à Yenangyaung, petite ville où nous nous arrêtons dans un superbe lodge tenu par un type extraordinaire à l’histoire invraisemblable. Je vous laisse lire son histoire en suivant ce lien : http://www.enfants-de-birmanie.org/eric-trutwein.html ; en gros il a construit une école pour enfant pauvre lorsqu’il a su qu’il était atteint du SIDA. Afin de financer cette école il construit ce Lodge qui est magnifique sur une butte qui surplombe toute la vallée.
On y est accueilli comme des rois par Eric et son fils. Mais le plus remarquable c’est la visite de l’école, où ces enfants plus pauvres que ce qu’on peut imaginer (on ira visiter au bas de la colline de l’hotel, leurs logements plus que sommaire au milieu des détritus, on n’est pas déçu) vous reçoivent avec des sourires tellement joyeux, sincères et vrais qu’on se sent nous pauvres devant tant de générosité dans leur accueil.
On passe un moment extraordinaire à discuter avec leurs enseignants qui nous expliquent la vie de l’école. Eric nous expliquera par la suite sa méthode de sélection des élèves qui ont en plus de la scolarité complétement gratuite (uniforme compris) les repas d’assurés. La seule contrepartie qu’il demande aux élèves et aux familles, c’est d’étudier avec le maximum de sérieux possible. Si au bout de 2 ans l’élève n’est pas sérieux alors il est renvoyé. Son objectif est simple : donner à ces enfants les armes pour vivre mieux, leur apprendre l’anglais pour qu’il puisse travailler dans le tourisme par exemple ou leur apprendre à compter et à lire pour trouver un emploi plus tard. Sinon malheureusement la plupart des enfants seraient dans la rue à mendier ou bien à travailler à un âge où chez nous on leur met quasiment encore des couches.
Une grande réussite forgée par un grand homme qui a simplement voulu aider des enfants lorsqu’il a su qu’il était atteint du SIDA. Qu’il soigne d’ailleurs depuis une 20aine d’année en utilisant des médecines traditionnelles notamment une herbe qui lui a permis de stopper l’avancée de la maladie.
Un miracle dans tous les sens du terme.
On profite du magnifique hotel qu’il a construit pour admirer la vue sur toute la vallée ainsi que du coucher de soleil…encore une fois…
Après 2 jours nous partons vers une autre destination phare de notre voyage en Birmanie, La ville de Bagan.
On y arrive après 4 heures de bus, on loge dans une ville nouvelle proche de l’ancienne ville de Bagan :Nyaung Shwe, qui offre l’avantage d’être à 5 km des principaux monuments et d’offrir des hotels à des prix plus que raisonnable. On loge au Nanda Wunn Hotel, très bien pour le prix que nous payons et comme de partout en Birmanie, le propriétaire se pliera en 4 pour vous rendre service toujours avec le sourire.
Bagan c’est la région des temples, ici ils ne sont pas kitsch avec des feuilles d’or de partout, mais ils vous regardent du haut de leur mille an pour certains, tous en brique noir. Certains immenses, d’autres plus petits et recouverts de fresque. Bref pour les amoureux de monuments anciens c’est du pur bonheur car des temples il y’en a selon les estimations de 3 à 4000 sur une superficie grande comme un arrondissement de Paris. Y’en a même plus que sur le visage d’un matheux boutonneux du lycée du Parc.
On loue des scooters électriques qui permettent tranquillement de visiter à un rythme de fonctionnaire de l’administration française ces multiples temples qui s’offrent à nous.
Mais au-delà de ces visites de temples qui faut bien l’avouer au bout d’un moment se ressemble tous, car quoi de plus ressemblant d’un vieux temple bouddhiste de 600 ans qu’un autre vieux temple de 700 ans, c’est le coucher de soleil sur l’ensemble de la vallée des temples qui est splendide. Car le soleil se couchant derrière la colline au loin éclaire d’une lumière rasante et légèrement rose ces milliers de temple.
Même moi qui suis insensible à toute forme de romantisme, élevé à la dure réalité Givordine, qui ne trouve de beau que le jeu léché de l’équipe du Brésil des années 80, j’ai été frappé par la beauté du spectacle. Un peu comme à San Pedro d’Atacama, il y a de la magie dans ce lieu…peut être les 4000 temples. J’imagine Bouddha qui doit sourire en coin à chaque fois qu’un inculte athée comme moi est frappé par ce spectacle.
Petit détail nous avons vu le coucher de soleil au temple de Shwesandaw. Elle est grande et permet d’avoir une vue plongeante sur l’ouest et les temples environnants.
Mais encore plus beau que le coucher de soleil, tenez-vous bien il y a le levé !!!
Car en plus des magnifiques couleurs dues aux rayons rasants de notre étoile, on assiste à l’envol d’une vingtaine de montgolfière qui ajoute une touche surréaliste au tableau déjà magnifique. On est devant un tableau de maître. C’est avec d’autres paysages d’Amériques sans conteste une des plus belle chose que nous verrons durant notre voyage. Attention tout de même il faut se lever tôt et même si les températures sont très agréables voire limite caniculaire la journée, durant la nuit elles chutent bien et en tong comme je l’étais j’ai failli finir comme Maurice Herzog amputé de mes doigts de pieds !!! faites attention aussi, ces temples quasi millénaires ont des pierres qui s’effritent… et je n’ai pu m’empêcher de chuter fort heureusement de pas très haut sinon c’est du ciel que j’aurais vu le levé !!!
On a fini avec Bagan et ses images d’Epinal (sic), on a touché du doigt une des caractéristiques de ce merveilleux pays qu’est la Birmanie : une richesse culturelle et surtout un patrimoine immense !!!
pour plus de photo : c’est par ici