Salta, faites sauter le bouchon !!!

Après notre périple tout au sud de la Patagonie nous allons 4000 km plus au nord et direction sa principale ville au carrefour des routes qui mènent à la Bolivie et au Chili : Salta. Le voyage est long, 22 h en bus de nuit de Buenos Aires, qui est aussi de jour par la force des choses, c’est long mais on s’occupe comme on peut.

J’ai pu lire la bible en entier en hébreu, je n’ai pas vu le temps passer ainsi.

On arrive dans une ville de taille raisonnable, qui a la réputation de se trouver au cœur d’une région magnifique. On arrive ainsi aux contreforts des Andes et on quitte ce paysage de pampa si caractéristique de l’Argentine. Ça fait du bien d’avoir autre chose que des arbustes épineux comme horizon et de se dire qu’ici on peut parler à des gens au moins une fois par jour.

Nous logeons dans une auberge de jeunesse située en plein centre de Salta. Ce qui nous permet de visiter cette ville aux multiples églises colorées.

On commence à voir le faciès des argentins un peu changer, ils ont moins la gueule d’Européens et on va le voir plus on ira dans le nord plus ils ressembleront aux Boliviens. J’entends déjà dans ma tête résonner les premiers accords de flute de pan…

On se permet de dîner un soir dans un de ses fameux restaurants argentins dont les gens sont fous : les Asados, de la viande cuite au barbecue. On est un peu déçu car la viande n’est pas aussi tendre que chez nous, elle est goûteuse mais n’est pas fondante comme un bon morceau de Charolais de chez nous…peut être que nous ne sommes pas allés dans le bon restaurant.

Une fois toutes les églises multicolores visitées qui sont très belles par ailleurs, nous prenons le bus pour nous rendre à Humahuaca, où nous a-t-on dit qu’il y a une montagne aux 14 couleurs. On hésitait car les guides (comme le routard) parlent de la montagne aux 7 couleurs à coté de Purmamarca. Là, c’est carrément l’escalade…des montagnes aux 7 couleurs, ben non y’a mieux, tenez vous bien y’en a 14 !!! on opte donc pour l’orgie de couleur et nous prenons la direction d’Humahuaca finalement.

Le bus nous amène en direction de la frontière bolivienne et après un peu plus de 2 h de route au travers de montagnes désertiques nous arrivons à bon port. La traversée de ces paysages vaut le coup, on commence à rentrer dans l’Altiplano andin (on entend au loin les flutes de pans…), c’est tellement différent de ce qu’on peut connaitre dans nos contrées.

Nous imaginons, nous pauvres européens que nous sommes, qu’à 2500 m les montagnes sont obligatoirement remplies de remontées mécaniques avec tout plein de parisiens écervelés qui tentent d’impressionner leurs voisins avec le dernier SUV qu’ils ont acheté avec l’argent de Mémé. Non là on se rapproche plus de ce qu’on a vu en Bolivie, des montagnes quasi pelées, jaunies par le soleil qui frappe ces terres comme un ivrogne pourrait frapper, très justement d’ailleurs, sa femme lorsqu’elle n’a pas préparé à manger : dure et continuellement.

Nous logeons dans une auberge de jeunesse qui nous rappelle l’Italie par son nom : Giramondo.

Les logements sont chers dans le coin et on est limite au niveau propreté. Mais c’est le prix à payer pour voir ce que la Quebrada d’Humahuaca à offrir de plus beau : El Hornacal qui se trouve à 4300 m d’altitude et qui offre des teintes d’oxydes métalliques si variées que nous restons bouche bée devant ce spectacle de la nature.

l’Hornacal, t’en vois combien de couleur alors???

Du vert pale au jaune clair ces strates millénaires sont harmonieuses et apaisent le mal de l’altitude et le manque de souffle qu’on peut ressentir si haut pour faire le chemin de retour. Pour y arriver on utilise une méthode digne des Incas : un bon vieux 4*4 japonais qui attend vers le pont à côté du marché d’Humahuaca d’emmener les touristes quasiment au septième ciel.

La route pour y accéder offre de superbe point de vue qui permettent d’admirer la vallée qui au loin est tachetée de montagnes de couleur ocre :  las Sinoritas.

Le gérant de l’auberge nous propose un trail de 3 heures moyennant 150 pesos dans cette formation rocheuse. Soit disant il est le seul à proposer de se balader dans ces formations peu connues. On le suit et on ne le regrettera pas car on se retrouve dans un cayon hyper étroit qui nous rappelle ce que l’on a vu aux USA dans différents parcs comme Bryce Canyon ou Antelope Canyon. Avec une énorme différence quand même, c’est que là on peut se faire attaquer par les pumas qui sont nombreux sans que personne ne s’aperçoive de rien tellement nous sommes seuls et perdus dans ces montagnes. On apprécie, ou comme dirait Yoan « on kiffe cher grave ». On dégustera aussi le Maté, boisson/tisane typique de l’Argentine, Uruguay.

Comment reconnaître un Argentin ou un Uruguayen ? C’est une  personne avec un thermos à la main et une espèce de mug avec une paille … La tasse est remplie de maté, et ils versent l’eau chaude dessus.

2 jours à Humahuaca valent la peine de s’y arrêter c’est une vraie destination baroudeur car il n’y a pas d’hotel 5 étoiles et il ne faut pas hésiter à marcher dans la montagne pour se faire transporter complétement dans un paysage magnifique.

Nous continuons ensuite notre périple en direction de la Bolivie et nous arrivons à la frontière à la ville de Quiaca. Ici on est loin de Buenos Aires et le faciès de ces argentins du nord est plus proche des Péruviens ou Boliviens que du typique faciès de proxénète napolitain qu’on avait pu voir dans la capitale.

 Festival de chapeaux

 

On part donc faire notre tour du Salar d’Uyuni que vous pouvez retrouver en suivant ce lien

Après une escapade donc de quasiment une semaine nous rentrons de nouveau en Argentine par la frontière Nord Est du Chili cette fois. Nous prenons un bus de San Pedro d’Atacama, qui passe par le passo de Jama  et qui nous amène à Salta après 11 h de route … de jour !!! C’est long, très long mais qu’est-ce que la route est belle. On passe de plus de 4000 m à 1000 m en suivant une route qui serpente le long de ces montagnes vertigineuses, les paysages changeant de terre jaunie et balayée par le vent à des vallées plus vertes dès qu’un fin ruisseau apparaît.

On voit encore quelques lagunes comme du côté Bolivien.

On en a le souffle coupé de voir ces lacets interminables qui se suivent sans fin, les routes du Tour de France semblant être de petits chemins de montagne du massif central en comparaison. Amoureux des routes de montagnes vous ne pouvez que rêver de sillonner avec votre Harley Davidson ce parcours dominé par les condors qui planent au-dessus des têtes à la recherche de lapin gros comme des vaches.

 

On arrive à Salta, on y séjourne une nuit le temps de louer une voiture pour entreprendre de visiter le sud de la région qui est réputé pour ses vins. On va effectuer une boucle dans le sens des aiguilles d’une montre qui va nous amener dans un premier temps à Cafayate (à ne pas confondre avec El Calafate) puis à Cachi. Avant de partir on se bourre d’empenadas, ces petits beignets farcis de viande ou de fromage qui peuvent être frits ou cuits au four, qu’on mange comme des fraises tagadas tellement ils sont délicieux.

C’est une des spécialités argentines avec la fameuse viande bourrée d’hormone que les argentins préparent au barbecue qu’on nomme  donc Asado. Malheureusement comme nous l’avons dit nous n’avons pas dû trouver les bons restaurants car le peu que nous avons goûté nous a un peu déçu. C’est loin de la qualité qu’on peut trouver en France notamment au Vino Loco à Aix en Provence !

Nous partons pour Cafayate et là aussi la route peu avant d’ y arriver, traverse une Quebrada superbe, la Quebrada de las Conchas, faite de roches qui alternent les couleurs et les paysages.

C’est encore une fois magnifique, on passe même à côté d’une roche qui ressemble à un crapaud ! On peut s’enfoncer dans des gorges étroites qui rentrent littéralement dans la montagne. Le beau temps n’est pas au rendez vous.

Nous arrivons à Cafayate, nous logeons dans une auberge tenue par une très sympathique (rare en argentine) personne. C’est la Morada hostel. La ville est petite mais la place principale est mignonne, les magasins d’artisanat local chinois côtoie les boutiques de vin. Oui car là on est en plein cœur de la production du Torrones qui est un vin blanc exquis qu’il faut gouter absolument.

Très fruité il nous rappelle un peu un bon Bourgogne. Il n’a rien à envier à nos vins blancs en tout cas. Nous faisons la dégustation chez 2 producteurs, un premier tout petit, biologique qui exploite seulement quelques hectares (las Nubes), le second moins artisanal, plus industriel (domaine Domingo Hermano), tous les 2 ont d’excellents vins blancs, même si nous avons une préférence pour le premier.

Au niveau du vin rouge ils sont bons mais moins transcendants que le blanc. Tout du moins pas aussi qualitatif par rapport à ce qu’on peut trouver au même prix en France.

On conseille plutôt de visiter le premier domaine, la dégustation est payante mais elle est remboursée si on achète du vin, le second lui ne propose pas cette offre.

Nous partons le lendemain pour Cachi et là encore la route est superbe on longe la Cordillère des Andes pour se retrouver encore une fois à traverser des vallées verdoyantes au pied de ces montagnes caillouteuses sans un poil sur le crâne. On arrive dans la terre des vignobles les plus hauts du monde. On visite même un domaine La Bodega Hess (à Colomé) qui possède non loin les vignobles les plus hauts du monde : 3600 m.

En Europe à cette altitude, peu de gens vivent, ici ils font pousser des raisins !!! encore une fois on goute un excellent vin blanc. Le domaine de Colomé est magnifique créé par un Suisse Allemand qui possède 7 vignobles à travers le monde notamment en Afrique du Sud et en Californie. Je sais, s’arrêter chez un Suisse Allemand qui fait du vin, c’est comme acheter ses pâtes fraîches chez Ikea. Mais des fois on a des surprises.

Nos domaines dans le Beaujolais feraient figure de parents pauvres devant cette magnifique bodega construite par ce visionnaire. Les cépages cultivés sont ceux cultivés en France avant l’épidémie de Phylloxéra qui a ravagé nos vignes à la fin du 19ème.  La visite vaut le coup car on se trouve dans un très beau vignoble à 3000 m d’altitude !!!

On s’arrête de boire car il y a de la route surtout qu’elle n’est plus goudronnée et qu’on se croit avec Sébastien Loeb sur les routes du Rallye d’Argentine.

la toute nouvelle Renault

La ville de Cachi est petite mais sa place principale vaut le coup d’œil, un point de vue intéressant se trouve sur une colline qui surplombe cette bourgade.

 

manque plus que le pastis!!!

Elle offre une vue globale sur la vallée et sur les montagnes alentours dont le Serra Nevado qui culmine à 6300 m !!! Là encore nous sommes bluffés car aussi haut qu’on peut voir il n’y a pas un brin de glace !!! étonnant non ?

6300 m et aussi sec qu’un Martini Dry

On profite du beau temps pour se faire un pique nique au bord d’une rivière agrémenté d’un fromage de brebis local, très bon!

 

Nous rentrons ensuite sur Salta par une route encore une fois époustouflante qui commence par des champs de cactus magnifiques. Des milliers de cactus s’alignent au pied des collines, gigantesques, majestueux, il y en a à perte de vue, de quoi se piquer les fesses pendant des centaines d’années.

   

tiens prends ça

On se retrouve d’un coup en Arizona !!! La route monte doucement pour culminer à 3457 m et ensuite redescendre presque brusquement sur Salta par la Cuesta del Obispo (on l’a retrouvé celui là aussi), route abrupte aux lacets interminables, on se prend 2000 m de dénivelé en 50 m !!!

c’est comme l’oiseau…

J’ai l’impression de revivre encore une fois le même trajet depuis une semaine, c’est le jour sans fin mais sans les marmottes. De la vraie route de montagne à couper le souffle.

Nous voilà de nouveau à Salta, prêt à prendre 3 bus d’affilés qui vont nous amener à une autre merveille de la Nature : Les chutes d’Iguazu. Mais ce sera dans un autre épisode !

Pour plus de photos : c’est par ici

 

Infos utiles :

  • location de voiture à Salta : 700 ARS pour 4 jours (voiture livrée à l’hotel !)
  • Hotels : Salta (7 Duendes (dortoir de 4 sans SDB: bof) et Ferienhaus  (chambre double sans SDB + dortoirs) pour 1 jour ok) / Cafayate : La Morada (super sympa, PDJ avec pain maison miam ! dispo cuisine mais avec très peu d’ustensiles, 1 seule casserole) / Cachi : Camino del Inca (simple pas cher sans PDJ, pas de cuisine) / Humahuaca : Giramundo (super ambiance mais dortoir de 4 de 9 m2 sans SDB, douche mixte avec rideau, WC avec rideaux qui ne ferme pas … propreté vraiment moyenne.
  • Bus Buenos Aires- Salta : 1200 ARS/ pers (promotion) avec Andesmar
  • Des personnes nous ont parlé d’une région le Tolar Grandes. A faire par agence mais nous n’avons pas eu le temps